Dans ma vie - comme dans la vôtre j'imagine - j'ai eu plusieurs voisins.

Je vous préviens c'est long et ça n'a pas non plus forcément à voir avec la PMA, même pas du tout.

Ce sont mes 30 ans de voisinage...

 

Mon premier voisin de quand j'étais petite, c'était un directeur d'école et sa femme une institutrice.

Parfois ils me gardaient le soir et me préparaient un goûter succulent : les fameuses tartines beurrées sur lesquelles on râpe du chocolat noir. Quand je revenais du bois qui était juste derrière nos maisons respectives - à cette époque où une petite fille pouvait aller s'amuser dans la forêt sans se faire agresser... - avec un bouquet de fleurs ramassées ça et là, ma voisine allait ouvrir un grand tiroir dans le buffet bas de sa salle à manger, duquel elle sortait une grande boîte remplie de bonbons et surtout de Michoko.

Ces voisins là avaient notamment eu une fille, qui elle-même avait eu un premier enfant, un garçon : David il s'appelait, il était trisomique et à l'époque on disait mogolien. Puis ils avaient adopté une petite fille, une ptite L.. Dans le square où j'habitais, j'étais la seule à jouer avec David et L.. Je l'aimais bien David, il était toujours souriant et il m'aimait bien aussi.

Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Néanmoins j'ai toujours chez moi le bureau d'écolier (en réalité un Saint-Hubert pour celles et ceux qui s'y connaissent un peu en mobilier ancien) de son grand-père, mon voisin. Il l'avait donné à mes parents pour moi. J'ai donc chez moi un meuble de famille qui n'est pas de ma famille. D'ailleurs ce meuble, c'est le meuble de "Monsieur P." quand on cherche quelque chose. Monsieur P. avait une fuego grise je m'en souviens très bien. Il adorait faire son jardin qui était nickel.

Il est décédé d'une crise cardiaque en passant son motoculteur. Le jour où j'ai appris la mauvaise nouvelle, monsieur P. n'était déjà plus notre voisin, nous avions déménagé dans une autre région. Ce jour là je crois me souvenir que c'était la première fois de ma vie que j'apprenais la mort de quelqu'un que je connaissais. J'ai été bouleversée, peut-être même que j'ai pleuré je crois m'en souvenir.

 

De l'autre côté de notre maison un autre voisin. Je ne sais plus trop ce qu'il faisait mais il avait l'air sympa monsieur B. Il avait une femme et une fille, une fille unique comme on disait à l'époque. Aujourd'hui on pourrait dire un couple qui n'a pu avoir qu'un enfant et encore grâce à la PMA ! (Ah tiens je viens de placer le terme PMA !).

Il avait aussi un chien, un épagneul breton. Je crois que c'était une chienne, qu'elle s'appelait Saky. Il discutait avec mes parents par dessus la clôture du jardin et ça riait bien. Un jour que je marchais pieds nus dans le jardin, je me suis faite piquer par une abeille que je venais d'écraser. C'était vers la balançoire. Je m'en souviens très bien. Je revois cette pauvre abeille - j'adore les abeilles et petite, j'aurai pu être entomologiste - sur ces fleurs de trèfle. Je savais qu'elle allait mourir car ainsi finissent les abeilles qui enfoncent leur dard. J'étais triste alors même que j'avais très mal, quand ma mère s'est précipitée en courant et m'a porté pour me soigner. Monsieur B. était dans son jardin et je crois que ce jour-là il s'est demandé ce que faisait ma mère assez affolée car elle ne savait pas elle que c'était une abeille.

Un jour on a appris que ce voisin était décédé dans un accident de voiture à cause de sa ceinture de sécurité. En revenant de la chasse, sa voiture avait dérapé sur la chaussée verglacée jusqu'à finir dans un fossé. Avec le choc, la ceinture l'avait étranglée.

 

Et de deux voisins passés à la trappe.

Tout cela se déroulait dans la fin des années 70 et le début des années 80.

 

Dans les années 80, nous avons emménagé en ville dans une bel et grand appartement bourgeois en veux-tu en voilà. Au 13e étage les chambres de bonne, au 12e je ne sais pas, au 11e, l'étage juste au-dessus de nous, un couple de profs dont l'un d'eux était prof de piano. Pourtant c'étaient plus des boules de pétanque qu'on entendait rouler sur le sol en marbre. C'était leur petit-fils qui jouait ! Ce n'est pas le pire. Le pire c'était de préférer monter les dix étages hausmanniens ou presque, à pied car ceux du 11e, ils puaient ! Ceux du 9e, c'est-à-dire ceux juste en-dessous de nous, avaient trouvé le truc : la bombe Wizzard sur le pallier de la porte ! Ceux du 9e s'appelaient Monsieur et Madame B. comme bouteille ! Justement la bouteille de lait, ma soeur, sur la tête elle leur avait versé depuis le balcon sans vraiment le faire exprès. Lors de notre emménagement, ce voisin avait dit à mon père, qui attendait l'ascenseur avec ma mère, ma soeur, une copine de ma soeur et moi-même, que nous étions une grande famille avec 4 enfants. Ce à quoi mon père avait répondu que "ah non dans le lot y'a ma femme et une amie d'une de mes filles !" :D

 

Puis on a déménagé. On a eu de nouveaux voisins. Des petits vieux. Marie et Jean-Marie, leur fille unique M., proche de la cinquantaine toujours avec eux, pour le meilleur et pour le pire, et leur teckel. Parfois ils m'ont gardé le soir. Je ne comprenais pas tout à ce qu'il me racontait. Je crois que c'était la faute au dentier de Marie. Elle m'aimait bien Marie et moi aussi. J'aimais quand je faisais des gâteaux venir leur en apporter une part. Vous ne pouvez imaginer le bonheur que cela leur procurait à ces petits vieux. Nous les invitions de temps en temps à la maison. C'était une bouffée d'air pour M.; mais M. est décédée brutalement.

La veille elle était venue frapper à notre porte pour nous demander si nous avions du paracétamol car elle avait énormément mal à la tête. C'est moi qui lui avait ouvert. Dans la nuit elle faisait une rupture d'anévrisme. Marie, sa mère, n'a osé nous alerter qu'au petit matin ne voulant pas nous déranger, mais sans non plus penser à téléphoner aux pompiers. M. s'en est allée en hélico et n'est jamais revenue. Elle allait avoir 50 ans, dans les âges de mes parents. Marie et Jean-Marie inconsolables. Nous choqués. Nous leur faisions leurs courses car M. n'était plus là pour le faire. Nous les amenions chez le médecin car M. n'était plus là pour le faire. Aux Noël et aux anniversaires nous les invitions à la maison pour passer un plus long moment ensemble, pour ne pas qu'ils soient seuls comme deux pauvres malheureux. Marie nous offrait toujours ses "chocolats à la pisse" comme les appelait ma mère, ces sortes de boule avec de la crème dedans très bon marché mais pas très bon au goût. ;) Jean-Marie aimait bien boire son petit coup et fumer ses gitanes maïs. D'ailleurs quand on allait chez eux, ça sentait le tabac, le poële et l'Ambassadeur.

Jean-Marie est parti rejoindre sa fille. Il a eu un enterrement religieux alors qu'il ne l'aurait pas souhaité car il ne saquait pas la curaille, mais Marie était une bigotte, à chaque saison elle prenait le "train blanc" pour Lourdes pour soigner ce qu'elle appelait "sa maladie". Le monde s'est écroulé pour Marie qui est partie elle aussi. Le teckel était mort entre temps lui aussi.

Le jour où cette petite maison a fermé définitivement ses volets, ça m'a fait tout drôle. Nous n'avions plus de voisins, plus de chocolats à la pisse à Noël, plus de rasades d'Ambassadeur quand ils me gardaient le soir... il n'y avait plus que les souvenirs.

 

Dans les années 90 je suis allée habiter avec ma soeur. C'était la fête car c'était un petit immeuble de copains. Des adultes pour moi. L'un d'eux, dont le père tenait une concession, me déposait de temps à autre au lycée avec une bagnole toujours différente. Comme en plus il était plein de charme (mais de la jacquette) ça en jetait pas mal. J'aimais bien mais je ne disais rien. Ce sont des amis point barre. Ca aiguisait encore plus la curiosité de certains. En tant que voisins, et petite soeur de leur amie de fac, ils s'occupaient bien de moi et m'invitaient quand ma soeur s'absentait. L'un d'eux (pas celui aux bagnoles), l'autre, était cuisto et donc c'était plutôt sympa de déjeuner chez eux. Surtout qu'à chaque fois ils sortaient le champagne, moi je dis "royal"! Pas mal non plus les cours quand je devais reprendre l'après-midi. A cette époque là on habitait au rez-de-chaussée et eux au 2ème et dernier étage. Quand ils ont déménagé, on a emménagé chez eux, chez eux nos ex-voisins. Leur dupleix était plus grand.

 

Puis j'ai habité seule mais ailleurs. J'avais un restau comme voisin, dont les proprios sont devenus des amis. Ils m'ont ouvert pas mal de bouteilles de rouge, alors que certes je possédais un tire-bouchon mais je ne parvenais pas à ouvrir les bouteilles. C'est vous dire que ce type de voisin est très utile ! En face il y avait un commerce genre "kilo shop" avec le patron qui me mattait du matin quand je partais en cours, au soir quand j'en revenais. J'ai toujours pensé que les appels anonymes que je recevais alors à cette période là venaient de ce voisin.

 

Je suis repartie habiter avec ma soeur un très bel appartement de la fin du XIXe refait à neuf ou presque. En dessous de chez nous on entendait souvent un enfant pleurer, des pleurs de douleurs qu'on a vite pensé être de la maltraitance. Parce qu'un jour on a vu des ombres se dessiner dans la cour sans pouvoir réellement affirmer que cela était bien de la maltraitance, mais parce que cela y ressemblait. C'était un flic qui habitait en dessous de chez nous... alors dans ces cas là comment faire.

 

J'ai de nouveau déménagé. Ca en fait des déménagements me direz-vous, mais les chiens ne font pas des chats ! Et à l'époque j'étais étudiante, on ne gardait pas forcément les logements d'une année sur l'autre.

J'ai habité la rue des boîtes ! Waouhh !! Mon voisin je ne l'ai jamais vu, mais toujours entendu. Il ronflait ! Mais un jour, après son départ en maison de retraite ou à la morgue (?), un de ses enfants a atterri chez moi après avoir mis un grand coup de massue dans le mur ! Il faisait des travaux et je peux vous dire que cela fait bizarre ! Il s'agissait d'un appartement qui avait du être réaménagé en deux appartements distincts et dont l'une des pièces, ma chambre en l'occurence, avait était divisée par une simple cloison.

 

Puis, en bonne Tanguy au féminin, je suis retournée vivre chez mes parents, à côté de la maison aux volets fermés.

 

Au début des années 2000, j'ai fais la connaissance de mon meilleur ami : mon voisin ! Ca a commencé par une fuite d'eau. Il m'a, avec "Christelle" à cette époque là, sauvé de la noyade, mais pas liée à la fuite d'eau ! ;)

 

C'est le meilleur souvenir de voisin que j'ai avec le suivant.

Le suivant, c'est toujours dans les années 2000.

 

Yaya ! Plus jeune que nous mais avec qui on sortait de temps en temps en boîte ou dans des fêtes de village. Je dis "on" car c'est à cette époque que monsieur Djemie entre dans ma vie et c'est donc à partir de là que mon histoire de voisins est aussi la sienne. Quand on partait en voyage il retirait le courrier et arrosait les plantes. Il nous a fait goûter la meilleure gnôle que je n'ai jamais bu de ma vie : la gnôle à l'abricot en direct du bouilleur de cru ! Je n'ai et je pense que je n'aurai jamais l'occasion de reboire une si bonne gnôle. Il nous en a offert une bouteille mais qui a été victime de son succès.

Il y avait aussi un restau en voisin, mais pas commode. Ces voisins là ne nous disaient jamais bonjour. On n'a jamais trop compris pourquoi. Et on n'a jamais osé penser qu'ils étaient sourds ou muets non plus. On s'est demandé un temps si c'était à cause du fait qu'ils avaient souhaité avoir notre appartement, plus grand que le leur (ils étaient 4 et nous 2), et que l'agence avait préféré nous mettre nous plutôt qu'eux (mais allez savoir pourquoi !), puis un autre temps, on s'est demandé si tout simplement ils n'étaient pas tout simplement pas aimables un point c'est tout.

 

Au milieu des années 2000 on emménage dans un grand appartement dans une grande ville.

C'est Hubert qui est sous tutelle qui nous loue. On adore cet appartement mais on n'y croise pas de voisins et quand on pend notre crémaillère et qu'on frappe à leurs portes pour les convier à boire un verre, aucun d'eux ne se déplace, même qu'on fait peur à une voisine !

Néanmoins il y a le voisin qui prend l'ascenseur et qui me questionne sur les 30 secondes de descente au garage sur ma vie. Quand en plus il voit la voiture de la boîte c'est l'interrogatoire ! Je suis tombée sur le seul type qu'on appelle dans le milieu "l'expert".

 

Puis on quitte ce bel appart pour notre grenier, là où tout a commencé (chat et PMA). Ah si tiens j'arrive à placer une seconde fois la PMA dans l'histoire de mes voisins.

Dans notre grenier, nos plus proches voisins sont le ciel et... ses saletés de pigeons ! On finit par les faire fuir. Au rez de chaussée par contre il y a une sorte de corbeau déplumé, c'est un voisin qui ne parle pas lui non plus, mais qui ne tient pas la porte non plus. Alors on fait pareil, on ne dit plus bonjour et on lâche la porte à la gueule. Il y a eu aussi une voisine qui n'est pas restée. Elle devait se fumer des tonnes de cigarettes dans sa chambre pour que ça remonte par je ne sais quel biais jusque dans la nôtre cette puanteur de tabac ! Sans parler de son chien qu'elle faisait déféquer juste à la sortie de l'immeuble.

 

Il y a eu les voisins du cabanon, mais eux je n'ai pas réellement eu de contact.

Ils étaient nombreux et changeaient toutes les semaines ou presque.

Mais j'étais bien contente de télescoper le WIFI de P. Gildas, non pas le journaliste, oui son homonyme.

 

Puis les voisins d'aujourdhui qui le jour de notre emménagement, viennent nous dire comment garer nos voitures dans la rue. Etrange accueil. Mais eux, ils parlent ce qui n'est pas le cas d'un autre qui ne salue même pas de la tête. Pourtant les ânes ça ne sait faire que ça non ?

Il y a aussi les voisins du bas, ceux dans la cour desquels on a retrouvé notre chat adoré mort. Ceux-là je me demande encore si ce sont les coupables.

Puis, il y a peu, un nouveau couple qui s'installe. On se dit "chouette sont peut-être sympa eux?". On émet une réserve néanmoins car ce sont des têtes de veau. La nana qui a besoin d'une info sur le passage des poubelles (remarquez qu'elle vient m'interroger sur un sujet qui m'intéresse : les ordures !!! :D) me dit qu'ils sont contents d'être là car là-bas ils allaient se mettre un coup dans la tête et elle me fait le signe du pistolet sur la tempe. Ouais bah ils sont un peu "drôles" aussi ceux-là. Pour dire, la maison est vendue depuis plus de six mois, et de temps en temps seulement ils viennent l'habiter. Quand on finit par les croiser c'est pour nous expliquer comment garer nos voitures. Décidément on est des manches en garage de bagnoles ou quoi ?

 

Et puis ce courrier, qui ne vient pas d'eux, mais on ne sait pas de qui non plus, même si c'est signé, je suis bien incapable de vous dire comment nos actuels voisins s'appellent - tellement ils sont sympatiques - et par conséquent de savoir qui est Madame D.

Encore une histoire de place de parking dans une rue qui est publique ! On devient dingue !

Vous noterez le "jamais eu de problème jusqu'à ce jour avec nos voisins..." et les trois points de suspension qui suivent.

Et bien nous non plus ! :)

Ca veut dire quoi ? Que les "horsains", comme on les appelle en Normandie, ne sont pas les bienvenus ici en zone humide ?  Quelqu'un fait de la grapho ? :D 

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